Charité, imagination et réfléxion
Hier 18h30:
Il faisait lourd hier, mon frigo était vide et on était le 15 août (jour férié où personne cravail ).
Personne ? Non. A Auchan, on cravail même les jours fériés, et comme j'avais envie de manger et qu'il me fallait faire de grosses courses, je prend ma voiture pour me rendre dans ce lieu de l'étalage commerciale où déambulent bougres, bougresses et autres intriguants dans le but de ravitailler leurs panses de tout un tas d'aliments qui varient en fonction de la condition sociale de ceux qui les achètent.
18h45 :
J'arrive devant le parking et me gare. Un SDF roumain vend "le journal des sans-logis", une feuille de chou qu'il vend 2 € et que personne ne lui achète.
En général, moi , je le prends à son collègue qui le vend aussi mais devant le supermarché Casino. Chaque fois qu'il me voit il m'appelle "patron" et me fait des grands sourire en me disant "Merci patlon, vous prenez toujours journal ! Je souviens! "
C'est vrai que je prends souvent joulnal , en plus je les lis jamais , le contenu est paraphrasé par rapport au numéro précedent, il ya des poèmes de SDF et des grilles de sudoku, et quelques articles sur la politique intérieur du gouvernement dont j'ai lu et vu le contenu partout ailleurs.
Mais bon, je vis dans une ville de vieux bourgeois où les gens passent devant ces types sans les voir, et pourquoi ils ne sont que deux (Donc le coup du harcelement ... ) alors 2 € , j'ai du mal à croire que si moi je ne peux pas les sortir une fois par mois, les grandes salope qui se trimballent lunettes noirs aux nez et qui font semblant de passer un coup de fil quand elles arrivent au niveau des SDF qui tendent leurs journaux sans rien dire histoire de faire style "je l'ai pas vu" alors qu'elle vont ressortir 20mn plus tard avec un caddie remplie de bouffe à raz bord n'ont "pas les moyens".
Pour des raisons pratique, je me dis que je prendrai son journal en ressortant , pour évitant d'être encombré à l'intérieur.
Ducoup, comme je ne parle pas très bien roumain et que je n'ai pas envie d'expliquer au type pendant 20 mn que je le prendrai au retour , je fais comme tous les autres , j'accèlère.
Donc comme un gros batard je passe devant lui sans le voir (mais en fait je l'ai vu) et je file à l'intérieur m'acheter de quoi bouffer .
Quand je ressors, le mec est toujours là et je commence à discuter avec lui de banalités.
Et puis je commence à lui poser des questions, j'apprend qu'il vit dans un refuge dont j'ignorais l'existence, qu'il est croyant (musulman manifestement) qu'il fait ça pour envoyer du pognon à sa famille, et me dit que les gens sont bizarre en France.
Je lui dis qu'il n'a pas tort, et alors qu'on discute me vient une idée.
J'ai vendu des telephones-portables, des maisons, des chaines-hi fi et tout un tas de conneries, je vais essayer de lui vendre deux ou trois de ces journaux.
Et c'est là que je m'aperçois que la langue et l'attitude , ça change vraiment les gens.
19h05:
Je me suis emparé de deux de ses feuilles de choux à vendre et j'arrête des gens qui passent.
Ma méthode est différente, je ne fais pas que tendre le journal, je force la vente. (On apprends ça dans les écoles d'enculés baptisé à juste titre "force de vente" , j'ai été moi même un enculé, et j'essai de l'être avec d'autres aujourd'hui -repentance-)
La culpabilité , quand elle est utilisée de manière grossière , fonctionne.
Ainsi, on pourrait arriver à faire culpabiliser un esquimau d'avoir froid.
Devant un public, l'homme, quand on le prend en défaut, veut prouver sa générosité plus vite qu'en tête à tête où il peut se permettre de continuer à jouer l'enculé.
20h15:
Sur le chemin du retour, je me marre tout seul comme un con dans ma caisse en imaginant un sketche que je pourrais faire là-dessus.
J'envisage même de me filmer le faisant , et de le poster sur un forum que je fréquente avec assiduité (oui j'aurais voulu être humoriste quand j'étais plus jeune) .
En fait, cette histoire me renvoi à une autre.
Chaque noël, une bande de Sénégalais vient taper du pognon aux gens à l'entrée d'un autre supermarché d'une autre ville au bénéfice des gosses unijambistes à causes des mines antipersonnelles.... Du Cameroun.
Leurs techniques sont imparable, si tu t'arrêtes ils ne te lâchent plus, flatte ton égo de "bon donnateur" , et après tu ne te vois pas les esquiver (d'ailleurs c'est assez impossible) .
Je donne toujours, et c'est plus de deux euros dans ce cas précis.
C'est sur ce souvenir que je me suis mit à me marrer, en me disant que finalement, un Senegalais c'etait un juif noir.
Le mec avec le bagou et la tchatche, mais sans la bonne couleur commerciale.
Faut dire que les juifs ont toute une technique commerciale jouant sur la culpabilité.
Aujourd'hui , 5h15:
Je souffre de crises d'angoisses. En fait, je souffre d'anxiété chronique dont le symptome le plus gênant peut être des crises d'angoisse et dont mon rythme de vie est tributaire.
D'un jour à l'autre, je peux me trouver dans un état différent en fonction de mon sommeil (si il a été plus ou moins bon) .
J'ai des problèmes de concentration, une certaine angoisse de la foule , une anxiété quand je rentre dans un lieu public où quand se présente le moindre impératif. C'est pour ça que je ne bossais pas .
La nuit, ça se manifeste autrement. Je cogite sur des trucs sans importance pendant des heures, ce qui m'empêche de trouver le sommeil mais a l'avantage de me faire reflechir sur plein de trucs.
L'avantage des mes angoisses, c'est qu'elles mènent à la solitude, que la solitude mène à la reflexion, et la réflexion est une gymnastique de la création qui permet de faire naître le talent. (oui c'est prétentieux et je vous emmerde).
Mes planches les plus appréciées ont étaient créés sous deux conditions.
Soit à l'époque où je vivais encore chez mon ex-compagne ( elle avait un appartement plus grand, un pc plus puissant, un meuble sur lequel je pouvais "m'appliquer" , et je pouvais donc coucher sur papier des idées que j'avais la flemme de dessiner de chez moi )
Les meilleurs planches ("L'Artiste", "communiste and liberal atitioude") ont été conçues à cette époque.
Depuis que je suis à nouveau célibataire, je dessine sur mes genoux , sur un porte-document.
Ca rend donc moins bien , et mes meilleurs planches depuis (selon mon propre jugement additioné à celui des lecteurs) ont été faites alors que j'avais picolé .
Il faut comprendre que l'anxiété est une sorte de perpetuel obstacle à la concentration necessaire à quelque chose qui necessite de la concentration.
Physiquement, je la compare souvant à une sorte de tenaille qui serre les flancs, les etreint, les mord.
Mais depuis quelques jours, j'ai un traitement qui détruit ses angoisses. C'est très étange.
Je n'ai plus les tenailles, mais je peux continuer à cogiter quand je choisis de le faire.
En fait, il existe trois catégories viciées dans la création.
Des personnes comme Laurel, qui n'ont de talent que la forme, le dessin, mais qui ne sont pas foutu d'imaginer des scénarios intelligent et se font faire faire de la merde par des scénaristes commerciaux.
On les reconnait au fait qu'elles se mettent à raconter n'importe quoi dès qu'elles se mettent à "créér" elle même .
Laurel est bête.
Le fait est qu'elle peut faire des planches interressantes quand elle parle de choses qui la concernent intimement parce-qu'elle les connait, mais pour le reste de la comprehension et de l'interpretation de ce qui l'entoure, c'est une idiote. On le voit dès qu'elle raconte ses humeurs.
Il y'a Jean-Raymond aussi.
Jean-Raymond c'est une griffe de genie avec des textes de genies, le tout bousillé par l'obligation du cravail. (JR est artisan) .
Trop de temps consacrée à son cravail aliène son pouvoir de création.
Pourtant Jean-Raymond était devenu, en peu de temps, un de mes dessinateurs-bloggueur préféré.
Et puis il y'a Eugène .