Boudina
Boudina était une adolescente de 18 ans pas franchement gâtée par la nature qui avait décidé, quitte à ressembler à un sac, de s'habiller tout en noir.
Ce qui donnait un boudin noir.
A l'époque où toutes ses amies avaient un copain souvent beau et musclé, Boudina, elle, ne récoltait que les quolibets et autres moqueries de la part des méchants élèves de son lycée.
Boudina passait donc l'essentiel de ses weeks-end et autre moments de solitude (bien qu'elle le soit pour ainsi dire tout le temps) à écrire des merdes sur des morceaux de papiers tirés tout droit de sa littérature "spécial-boudin" en pensant que ça allait intéresser quelqu'un.
Boudina faisait partie de ces filles qui pensent que le fait d'être un boudin rend intelligent de facto.
Boudina n'avait qu'un seul lecteur : sa mère.
Malgré tout, la mère de Boudina ne savait pas comment faire pour que son enfant soit épanouie.
Et puis, vint l'anniversaire des 18 ans de Boudina, et sa mère lui fit LE cadeau qui socialise le boudin.
Aussitôt, Boudina se s'inscrit sur un forum de discussion et épancha sa soif de vengeance envers la gente masculine par le biais de brûlots bien sentis.
Comme tout boudin connecté à internet, Boudina créa très vite un blog très stylé, sans fautes d'orthographe, soigné, et plein de vide.
Mais Boudina pouvait compter sur son premier fan.
Mais à internet a cette magie qui fait que l'on peut trouver la douce surprise de l'amour au détour d'un clic.
Ainsi, Boudina rencontra Boudino sur un sujet consacré à la métaphysique.
Très vite, ils s'envoyèrent des messages privés enflammés.
Et puis vint le moment magique de la rencontre.
Bon c'est vrai que les deux protagonistes avaient un peu abusé de photoshop pour retoucher les photos qu'ils s'envoyaient l'un l'autre.
Et c'est ainsi que l'amour triompha...
Ha tiens non.
Donc c'est ainsi que Boudina compris qu'il fallait mieux se contenter de paraître bonne grâce à photoshop via des séries de montages posté frénétiquement sur des forums internet afin de se sentir importante et désirée plutôt que de tenter de franchir le pas du virtuel au risque que la plèbe constate l'existence de son goitre naissant et l'inexistence d'un quelconque fond cérébral réel...
... Ni même métaphysique.